Revendication du CAN : accompagner les changements de poêles ou de chaudières par une prime pour un filtre à particules pour cheminée

  1. Le constat :

Le secteur résidentiel est le premier émetteur des particules fines en France, dont la quasi-totalité provient de la combustion des appareils de chauffage. En 2018, les émissions de particules fines issues précisément du chauffage au bois ont constitué :
– 27,5% des émissions nationales en PM10 ;
– 43,3% des émissions en PM2.5 ;
– 55,3% des émissions en PM1.0 ;          Voir plus (le lien sur le plan d’action)

Le graphique réalisé par AtmoSud à partir des relevés obtenus à la Station KADDOUZ, suite aux actions du CAN

Répartition des émissions en particules fines (PM10 et PM2,5) en France (Métropole) – source : CITEPA, 2020

La pollution liée au chauffage domestique au bois est majoritairement due aux appareils anciens et peu performants

Selon le CITEPA et Observ’ER le parc actuel est composé de 6,5 millions d’appareils. Près de la moitié des ménages (47%) qui utilisent le chauffage biomasse l’utilisent comme chauffage principal, le restant étant partagé entre l’usage d’appoint (36%) et d’agrément (17%).

Malgré le renouvellement progressif du parc des équipements de chauffage, les foyers ouverts et équipements anciens peu performants (datant d’avant 2005) constituent encore 48% du parc des équipements et sont responsables d’approximativement 2/3 des émissions en particules fines issues du chauffage au bois individuel.

La réponse de l’ADEME et du Conseil Départemental – attribuer une prime pour l’achat d’un poêle ou d’une chaudière Flamme Verte, est intéressante, mais insuffisante.

Parmi les subventions accordées par le CD13 pour le retour à un air sain, a été créée la « Prime Air-Bois ». 

Avec la Prime Air-Bois, le Département des Bouches-du-Rhône et l’Ademe aident les particuliers jusqu’à 1 000 euros pour l’installation, par un professionnel Reconnu Garant de l’Environnement, d’un équipement de chauffage au bois labellisé Flamme verte 7 étoiles. Cette prime est cumulable avec d’autres aides publiques (ANAH, MaPrimeRenov). L’objectif est de remplacer 4170 appareils en 4 ans dans les Bouches-du-Rhône. En deux années, ce dispositif a déjà concerné plus de 2200 ménages. Le remplacement des appareils non performants (cheminée ouverte ou appareil antérieur à 2002) permet d’améliorer la qualité de l’air extérieur et intérieur en réduisant les émissions polluantes issues du chauffage au bois. Le baromètre des pollutions évitées, établi avec Atmosud, indique ainsi une baisse de 88 à 92% pour les émissions extérieures et de 25 à 45% pour l’air intérieur selon leur nature. En outre, l’installation d’équipements plus performants contribue à réduire d’un tiers la consommation de bois, participant à réduire la facture énergétique des particuliers.

Mais, les chiffres annoncés par les constructeurs impliquent une utilisation optimale (combustion adaptée, bois très sec), ce qui dans la réalité est faiblement constaté. Les émissions de particules fines produites dans le foyer sont ainsi sous-évaluées de 300 à 500 % et dans le détail, les émissions de monoxyde de carbone de 260 à 370 % et les émissions de COV (dont le benzène) de 410 %

Source

Subventionner aussi les filtres sur les cheminées

L’exemple de la Suisse.

Une Ordonnance fédérale sur la protection de l’air,  introduit désormais l’obligation de faire contrôler les émissions polluantes des chaudières à bois de faible puissance (PDF, 585 Ko). La mise en œuvre de ces contrôles doit permettre de concilier les objectifs de protection de l’air et le développement du bois-énergie, indispensable à la transition énergétique et climatique. 

Les ramoneurs effectuent les contrôles des chauffages alimentés à l’huile, au gaz et au bois d’une puissance inférieure ou égale à 70 kW.

Des périodicités de contrôle de 4 ans pour les chauffages au gaz et au bois (≤ 70 kW) et de 2 ans pour les chauffages à l’huile sont à appliquer (art. 13, OPair). La périodicité pour les installations en assainissement est réduite de moitié, soit 2 ans pour le gaz et le bois et 1 an pour l’huile.

Isocrate, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Consommant à peine 12 W, le fonctionnement est économique. Le coût conseillé est de 1200 € HT et l’appareil bénéficie du crédit d’impôt (en SUISSE) lorsqu’il est vendu avec une installation neuve. 

Une solution technique existe désormais pour réduire de 70 à 90% les émissions de particules des systèmes de chauffage domestique au bois peu performants. Zumikron est un électro-filtre à particule, mis au point par la société Ruegg. Le système s’adapte à tout type de fumisterie pour les installations de moins de 35 kW. Il consiste principalement en une électrode, amenée à un potentiel de près de 20 000 volts, qui ionise les particules qui sont attirées par la paroi intérieure du conduit sur laquelle elles s’agglomèrent. Equipée de cette nouvelle technologie, une chaudière à granulé a vu ses émissions de particules passer de 19.5 à 2.7 mg/m3 ! 

Et pourquoi pas en France !

Quelques conseils pour moins polluer

L’impact d’un mauvais combustible sur la qualité de la combustion

Au-delà de 25% d’humidité du bois, on observe une augmentation des émissions de polluants et une diminution du rendement et de la puissance (Ineris2018).

Sur un appareil récent, l’utilisation d’un bois « ordinaire » contenant environ 30% d’humidité provoque une multiplication par 8 des émissions de particules polluantes par rapport à l’utilisation d’un bois sec (CERIC 2017)

Le chauffage au bois représente 28 % des émissions totales de poussières (PM 10), dont 82 % sont liées aux foyers ouverts et aux appareils peu performants du parc existant. (Flamme Verte 2019)

Sur un cycle complet, environ 80% des émissions polluantes ont lieu durant les 10 à 15 minutes après l’allumage ou le rechargement. (Ineris 2018)

Lors des allumages à froid, un allumage par le haut permet de réduire les émissions polluantes de 30 à 50% sur un cycle complet de combustion. (ERFI 2017).

Réduire les arrivées d’air (retirer de l’oxygène) peut augmenter de plus de 100% les émissions de polluants. (ADEME 2018)

Qualité du bois

stockage

Allumage

Tirage

LE BOIS HUMIDE : 

La combustion de bois humide :
▶ fournit moins d’énergie qu’un bois sec ;
▶ libère sensiblement plus de substances polluantes dangereuses pour la santé ;
▶ empêche les appareils performants d’atteindre
leur pleine puissance ;
▶ nuit au matériel : il s’encrasse plus vite et risque de se détériorer.

LE STOCKAGE :

▶ Coupez le bois et fendez les bûches avant de les stocker pour
un séchage plus rapide et une combustion plus efficace.
▶ Faites sécher les bûches trop humides pendant 18 mois sur
des palettes ou des tasseaux, sous un abri couvert et bien ventilé ou une bâche respirante.

ALLUMAGE INVERSÉ 

▶ Ouvrez toutes les arrivées
d’air de l’appareil.
▶ Empilez les bûches, celles de plus petit diamètre en haut. Ne
surchargez pas le foyer et espacez les bûches pour que l’air circule.
▶ Placez des petits morceaux de résineux secs et un cube d’allumage (sans produit pétrolier) sur le dessus.
▶ Allumez le cube et fermez la porte.                                                  ▶ Baissez les apports d’air au bout de 30 à 40 minutes si votre foyer était froid à l’allumage et au bout de 10 minutes si le foyer était déjà chaud.

BON A SAVOIR 

Une bonne combustion est une combustion propre. Les vitres en verre noircies sont la conséquence d’une combustion négligée. Mais comment réagir à ces attaques noiraudes ? « Mouillez du papier journal avec de l’eau et nettoyez votre vitre. Bien mieux que n’importe quel produit ! »

La Centrale de Gardanne

Revendication du CAN : transformer la Centrale à charbon en usine de production d'hydrogène vert

À Gardanne va s’installer la plus grosse centrale biomasse de France. Elle aura besoin de 850.000 tonnes de bois par an. Force est de constater qu’il n’y a pas assez de bois en France pour alimenter cette centrale puisque 50% proviendra de l’étranger. Pour le reste, l’usine prévoit un rayon d’approvisionnement de 400 km, de quoi inquiéter de nombreux acteurs de la filière bois énergie et aussi de l’industrie papetière. Malgré cette aberration et les recours gagnés en première instance, la Cour Administrative d’appel de Marseille a donné son feu vert pour son exploitation, prétextant « que l’exploitation forestière et la production d’électricité étaient des activités distinctes (…) et qu’elles ne pouvaient être regardées comme participant à la réalisation d’un même programme. »

« Vu l’ampleur de la demande en combustible, durant les 10 premières années, une part proche de 40% sera importée du Canada et d’autres pays aussi lointains, ce qui est particulièrement mal venu pour des projets qui se veulent locaux. A l’heure où la Commission européenne se penche sur l’élaboration d’une directive sur les critères de durabilité de la biomasse solide et du biogaz, visant en particulier les risques dus aux importations de biomasse, le modèle présenté par E.ON représente une impasse au regard des objectifs de développement des énergies renouvelables en Europe. A partir de 2024, il faudra un million de tonnes par an qui se répartiront en plaquettes provenant de France pour 76%, mais le rayon d’approvisionnement visé est de 400 km, preuve de la très grande difficulté à approvisionner une telle quantité », récapitulent Bruno Genty et Maryse Arditi de FNE.